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Interview Frente Atletico
17/01/2008 20:43
1. Bonjour, peux-tu te présenter en quelques mots ? (Quel est ton âge, depuis quand supportes-tu l'Atleti et quel est ton rôle au sein du Frente Atletico ?)
Ces réponses peuvent être considérées comme celles de tous les leaders actuels du Frente, tous âgés entre 18 et 40 ans, en tenant compte, quelque soit leur âge, qu’ils sont tous supporters de l’Atletico depuis leur plus tendre enfance.
2. Présente-nous ton groupe. (création, fonctionnement, forces, faiblesses, etc)
Le Frente Atletico a été fondé en 1982, sur la base d’un regroupement de différents groupes de la tribune sud du stade Vicente Calderon. Concernant le fonctionnement, nous tenons au minimum une assemblée générale par année, et parfois plus si des choses importantes doivent être traitées. Il en découle les lignes directrices du groupe pour la saison. Les différentes activités (cartes de membres, tifos, vente de matériel, déplacements, sections, etc) sont réparties entre les leaders (au nombre oscillant entre 10 et 25). Pour nos points forts, nous avons fait de gros progrès concernant l’organisation du groupe ainsi que les tifos. Notre plus gros point faible reste définitivement les déplacements.
3. Comment est organisé le groupe pour l'animation ? Un capo unique ou plusieurs qui se coordonnent ? Utilisez-vous exclusivement le mégaphone, ou également des micros et des haut-parleurs ?
Il y a un groupe de personnes en charge du mégaphone et un autre pour les tambours. Et au sein de chacun d’entres eux a lieu une rotation des responsables. Nous n’utilisons pas de sono.
4. Il semble que les déplacements ne soient pas le point fort des groupes espagnols. Ca se voit à notre niveau par exemple lors des rencontres européennes mais ça concerne aussi la Liga. As-tu une explication ?
Si nous comparons avec le reste de l’Europe, le niveau général des déplacements en Espagne est très faible. Une des raisons principales est d’ordre économique, avec des billets de match très chers, ainsi que la forte répression policière.
5. Toujours dans ce registre des déplacements: est-ce que le FA effectue tout les déplacements pour suivre l'Atletico ? Quel a été celui où vous avez été le plus nombreux (Liga et/ou Europe) ?
Le Frente organise des déplacements pour toutes les rencontres à l’extérieur de l’Atletico. Le nombre de personnes suivant l’équipe lors de ces matchs peut varier entre 10-15, 50-60 et même plusieurs centaines/milliers pour une finale de Coupe par exemple. Les exceptions à citer sont les matchs au Pays Basque (Real Sociedad, Atletic Bilbao, Alaves et Osasuna) où aucun billet ne nous est vendu. Les plus gros déplacements ont été à Lyon (finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe contre le Dinamo Kiev et à Amsterdam en Champions League avec la présence d’environ 2000 membres du Frente.
6. En dehors de clubs plus modestes comme Getafe ou Rayo Vallecano, l'Atletico « se partage » la ville avec le Real. Y a-t-il des quartiers propres à chaque club ou les supporters sont mélangés dans la ville ? On imagine que vous connaissez personnellement les leaders des Ultras Sur. Vous arrive-t-il de vous croiser en ville ? Quelle est votre réaction ?
Les supporters des deux clubs vivent mélangés dans toute la ville. Mais il est vrai que l’appartenance peut largement dépendre du voisinage où l’on vit.
A cause de la force médiatique de leur club, les supporters du Real peuvent paraître plus nombreux mais un fait réel est que dans la ville de Madrid en elle-même, il y a un groupe de supporters de l’Atletico de plus que le Real, et que dans le "Comunidad de Madrid" (NdMU : la région), il y en a même beaucoup plus. En cas de rencontre avec quelqu’un des Ultras Sur, il est « normal » que ça se termine en bagarre.
7. Hormis le Real, quels sont vos autres ennemis dans les tribunes ? Dans l'autre sens, quels sont vos amis ? Et avez vous des jumelages officiels ?
En Espagne, presque toutes les autres tribunes peuvent être considérées comme ennemies, tout spécialement la Real Sociedad, l’Atletic Bilbao, Osasuna, Español Barcelona et Sevilla. Nous avons par contre de bonnes relations avec les ultras du Sporting Gijon, du Betis, de Levante et de Recreativo Huelva, sans qu’il n’y ait de jumelage avec eux. Ce qui est par contre le cas avec les Psycho Fans de Ruch Chorzow en Pologne. Nous avons également une section qui entretient d’excellentes relations avec la Guardia Imperial du Racing Avellaneda en Argentine.
8. Au niveau de la répression de la police, devez-vous subir les même pressions que par exemple les Ultras Sur ou les Boixos Nois ?
Exactement les mêmes. Toutefois, la situation est tout de même un peu différente pour les Boixos Nois qui subissent une grosse répression permanente de la part du président du Barca. Alors que dans notre cas, c’est plus à des moments bien spécifiques.
9. Quels sont vos relations avec le club et les dirigeants ? Les choses ont-elles changées depuis la disparition de Jesus Gil ?
Nous sommes totalement indépendants du club. Toutefois, le dialogue existe entraînant parfois une certaine collaboration quand, par exemple, nous avons besoin d’accéder au terrain pour organiser un tifo pour obtenir des billets à l’extérieur.
Les dirigeants du club n’ont pas changé depuis la mort de Jesus Gil, son fils et son ancien vice-président, devenu président, sont toujours là, donc absolument aucune évolution n’est apparue.
10. Au niveau sportif, comment est vécu le fait d'être depuis quelques saisons dans l'ombre du très médiatisé Real ?
C’est terrible ! Toutefois, le vrai problème n’est pas d’être derrière le Real. C’est plutôt le fait d’avoir été pendant deux ans en seconde division, et maintenant d’être depuis trois ans dans le milieu du classement sans avoir de Coupe d’Europe, et d’être derrière des clubs qui ne peuvent en aucun cas être comparés à l’Atletico en terme d’histoire, de budget et supporters !
11. Le mouvement ultra espagnol donne l'impression de ne pas être à la hauteur du succès que rencontre votre football. Hormis le Frente, les groupes vraiment capables de faire bouger une tribune semblent peu nombreux. Est-ce aussi ton avis ? Comment explique tu ce phénomène ?
Tout à fait d’accord. C’est sans doute les conséquences de la répression policière, mais dans tous les cas, cela mériterait une étude sociologique.
12. Les tribunes espagnoles donnent l'impression d'être souvent très politisées, et pour la plupart de droite, voir d'extrême droite. Qu'en est-il vraiment ? Et quelle est la position du FA car le club a reçu une amende récemment à cause de chants considérés comme "racistes" ?
En Espagne, il y a plus de groupes pouvant s’identifier à gauche qu’à droite. Mais la presse fait systématiquement le lien entre ultra et extrême-droite, et c’est bien là le problème. Au Frente, il y a, et il y a toujours eu, toutes les classes de la population, même si une bonne partie de ses membres sympathisent avec les idées de droite.
13. Club de la capitale, le Frente se sent-il concerné par l'équipe nationale ? Est-ce que des groupes avaient fait le court déplacement du Portugal pour l'Euro'2004 ?
Le Frente s’identifie totalement dans l’équipe nationale, même si beaucoup de ses joueurs ne méritent pas de pouvoir porter ce maillot. Il y a toujours des membres du Frente supportant l’équipe, et il y en avait bien sûr au Portugal. Maintenant, il est vrai que le groupe n’organise rien d’officiel, dans la mesure où il est presque impossible de mettre sur pied quelque chose de commun avec différentes tribunes.
14. Que connais-tu et que penses-tu du mouvement ultrà français ? Sinon, quelles sont tes références au niveau du supporterisme (Italie, Argentine, Angleterre, etc...) ?
En France, le niveau s’est beaucoup amélioré au cours des dernières années, pas seulement au niveau des déplacements, mais également pour les tifos. L’Italie a toujours été une référence pour nous, l’Angleterre a toujours été un cas à part à tout les niveaux, quand à l’Argentine (et l’Amérique du Sud dans son ensemble), c’est vraiment un monde a part. Petite mention spéciale pour le mouvement en Europe de l’Est qui se développe très rapidement.
15. L'Atletico est en passe de quitter son stade Vicente Calderon pour s'installer dans le Stade Olympique, plus grand et plus moderne. Peux-tu-nous en dire plus ? quel est l'avis du FA au sujet de ce déménagement ?
Au cours d’une récente réunion du Frente, une majorité accablante a pris position contre la vente du stade Vicente Calderon, et les dirigeants du club ont été informés de cette prise de position.
Ce stade olympique n’a rien d’approprié pour nous et ce même si il sera le stade le plus moderne du monde. De plus, il se trouve en dehors de la ville de Madrid, ce qui également un gros point négatif.
16. As-tu quelque chose à rajouter en terme de conclusion ?
Meilleures salutations à tous et bonne chance pour la suite !
Peu importe la répression policière, le mouvement va continuer à se développer -nous l’espérons- car sans ultras, le football ne serait plus le même.
Odio eterno al fúbol moderno !
(Haine éternelle du football moderne !)
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